dimanche 16 décembre 2018



La seule histoire, Julian Barnes,
Mercure de France, 2018

Paul, 19 ans, aussi idéaliste qu’impertinent, tombe éperdument amoureux de Susan, une mère de famille de 48 ans. Dans la petite bourgade anglaise où ils vivent, leur relation fait scandale. Profondément attachés l’un à l’autre, ils décident malgré tout de s’installer ensemble… Ce pourrait être une histoire d’amour somme toute assez banale. Mais c’est sans compter sur le talent de conteur, l’humour effronté et le goût pour la comédie douce-amère de Julian Barnes. L’habileté de l’auteur tient aussi au fait que Paul nous raconte rétrospectivement l’histoire d’amour de sa jeunesse, alors qu’il a désormais atteint un âge avancé. Du coup, le dédain et le cynisme du jeune homme pour l’âge adulte, prennent soudain une tournure différente à l’aune du grand âge. C’est donc le récit a posteriori d’une conscience qui s’est éveillée entretemps et qui contemple sa vie avec synthèse et lucidité.
Dans « La seule histoire », Julian Barnes tente de nous livrer sa définition, plurielle et nuancée de l’Amour, avec une drôlerie constante sans jamais sacrifier ni à la gravité ni à la profondeur philosophique de ses propos. Mais le roman interroge aussi la relation à l’autre face à l’usure de la vie. Que sait-on de l’autre exactement ? Et puis, bousculés par la vie, comment fait-on pour rester pleinement vivant ? Car la seule histoire est aussi le récit d’un naufrage à cause de l’alcoolisme. Certains passages sur la peur inhérente à notre tragique condition de simple mortel sont tout simplement bouleversants.
Régulièrement en connivence avec son lecteur, l’auteur sait installer une complicité réjouissante avec son confident. Il croque ses personnages avec un sens inné du détail et une tendresse réjouissante. Tous les personnages, même secondaires, sont fouillés et attachants. La « seule histoire », c’est finalement la seule histoire d’amour qui vaille dans une vie, celle autour de laquelle vont graviter toutes les autres. Tout au long de son roman, Julian Barnes tente de répondre à la question suivante : « Il s’agit de savoir ce qu’est un cœur brisé, et comment au juste le cœur se brise et ce qu’il en reste ensuite. »

Si vous avez envie de rire aux éclats et d’être ému aux larmes (pas en même temps mais presque), c’est cette lecture qu’il vous faut pour clôturer l’année ! (Stéphanie, Médiathèque de Thann)

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