vendredi 4 mars 2016



L'ombre de nos nuits, Gaëlle Josse,
Notabilia, 2016


"L'ombre de nos nuits" est le subtil récit entrelacé de trois voix narratives. Celles du peintre Georges de la Tour et de son apprenti Laurent, au moment de la réalisation de la toile "Saint Sébastien soigné par Irène". La voix aussi d'une femme qui se retrouve des siècles plus tard face à cette même toile, exposée dans un musée de Rouen et revit instantanément son histoire d'amour douloureuse, avec un homme qu'elle a trop aimé. Le lecteur plonge tour à tour en pleine guerre de Trente Ans en Lorraine et dans la Bretagne d'aujourd'hui.
J'ai aimé l'idée d'un roman qui se tisse autour d'un tableau, les personnages aimantés par cette scène emplie d'amour et d'attention d'une femme pour un homme blessé. Tout comme je me suis délectée de la finesse des descriptions, de la lumière mise sur l'intériorité des personnages et sur leurs émotions.
L'ombre de nos nuits, c'est le travail acharné du peintre à la lumière des bougies et du feu dans l'âtre, mais c'est aussi le clair obscur des sentiments qui résident en chaque être et la douleur d'aimer sans l'être en retour.
Une écriture picturale, juste et pleine de sensibilité. (Stéphanie, Médiathèque de Thann)

"Nous voici déjà dans la semaine sainte ; le premier office des ténèbres vient d'avoir lieu. La beauté triste, poignante, de ces chants qui s'élèvent sous la voûte m'atteint au plus profond de moi. En de tels instants, je me sens, plus que jamais, humble et pauvre pêcheur, éternel pèlerin sur la route des hommes. A la fin de l'office, on éteint les cierges et ne reste que l'écho des voix. Nous sommes à la lisière de l'ombre et du feu, du souffle et du silence, c'est ce que je tente de montrer sur mes toiles. J'y vois le sens de notre condition humaine, sans cesse oscillant entre la joie et la peine, la bonté et la haine, la main tendue et le poing fermé, les élans les plus généreux et les pensées les plus noires.
Je m'aperçois que la nuit, à la lueur d'une simple torche, d'un brasero ou d'une chandelle, tout s'apaise, la ferveur du jour s'est tue, notre frénésie ralentit, nos passions s'assagissent. Ne reste que l'essentiel, une main, un geste, un visage. C'est ce que je poursuis en peignant, et rien d'autre désormais. De l'obscurité émerge une étrange vérité, celle de nos coeurs."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous souhaitez réagir sur cet article ? N'hésitez pas à me laisser un commentaire...