mercredi 20 décembre 2017


Joan Didion, le bleu de la nuit,
Grasset, 2011


Pour notre prochain apéro-lecture sur New York, mention spéciale à Joan Didion !

"Quand vient la saison des nuits bleues, on a l'impression que les journées n'en finissent  jamais. Et à mesure que la saison des nuits bleues se rapproche de son terme (inexorable, inéluctable), on est saisi d'un frisson, d'une appréhension physique, maladive, lorsqu'on s'en avise pour la première fois : la lumière bleue s'en va, déjà les jours raccourcissent, l'été n'est plus là.
Ce livre s'appelle "le bleu de la nuit" parce qu'à l'époque où j'ai commencé à l'écrire, j'avais l'esprit de plus en plus souvent tourné vers la maladie, vers la fin des promesses, le déclin des jours, l'inévitable assombrissement, l'agonie de la clarté.
Le bleu de la nuit, c'est le contraire de l'agonie de la clarté, mais c'est aussi son avertissement."

C'est ainsi que s'ouvre ce magnifique et poignant récit de Joan Didion.

Le bleu de la nuit c'est l'histoire de la perte de sa fille adoptive : Quintana, décédée d'une hémorragie cérébrale, dans une unité de soins intensifs à New York, à l'âge de 39 ans. Peu de temps après la perte de son époux qu'elle avait relatée dans L'année de la pensée magique.

Joan Didion revisite son passé, sa relation avec Quintana et fait remonter à la surface, en même temps que des moments de joie intense, ses dénis et ses aveuglements. Toutes ces choses qu'elle n'avait pas saisies à l'époque mais qui s'éclairent à présent d'un jour nouveau, dans le miroitement de la solitude. Reste la chair des souvenirs, à vif.

Souvent répétitif, ce récit à fleur de peau nous fait frissonner, parce qu'on y entend les battements du coeur, le souffle haletant, la douleur tellement présente. Un hommage à l'enfant perdu, mais aussi un roman sur la solitude, jamais plaintif ou pathétique. Au contraire, l'auteure porte un regard sans complaisance et éclairé d'une lumineuse lucidité, sur la relation avec sa fille. Un retour à l'essentiel, à ce qui fait sens, à ce qui demeure. Grâce à l'écriture, Joan Didion plonge dans ses souvenirs avec une profonde humilité et une clairvoyance réparatrice.

Un roman vibrant d'émotion, juste inoubliable ! (Stéphanie, Médiathèque de Thann)

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