Sacrifice, Joyce Carol Oates,
Philippe Rey, 2016
Années 80
dans le New jersey, Sybilla Frye, une jeune adolescente afro-américaine est
retrouvée après trois jours de disparition, dans la cave d'une vieille usine à
l'abandon. Elle a été enlevée, battue et violée, le corps couvert d'excréments
et d'injures racistes. Elle dira plus tard aux urgences que cet acte ignoble a
été commis par des flics blancs. Cette histoire est inspirée par un fait divers
réel.
La narration d’une précision, d’une finesse
et d’une fluidité incroyables emporte littéralement le lecteur.
Au fil des chapitres, l'auteur explore les pensées et les sentiments d'un petit groupe de personnages qui gravitent tous autour de ce même événement tragique initial. Et ce qui fait la force des romans de Joyce Carol Oates c’est justement ce talent avec lequel elle sonde l’intériorité de ses personnages.
Le lecteur est dans
la tête de Sybilla la victime ; d’Ednetta, la mère de la victime ;
Anis Schutt le beau-père, Inès Iglesias la jeune policière enquêtrice d'origine
hispanique, du pasteur, de l'avocat,... Par cette multiplication de points de
vue, le lecteur devient en quelque sorte à la fois juge et témoin sur cette
affaire, vue à travers les yeux des différents personnages.
Et si Joyce Carol Oates prend le lecteur à témoin, c’est pour dénoncer le racisme, thème au cœur du roman, mais aussi la récupération de ce fait divers ignoble par le personnage à la fois fascinant et vénéneux du Pasteur Marus Mudrick. Elle montre les ficelles de la manipulation et du mensonge à des fins stratégiques et politiques. On assiste à un brouillage des pistes entre innocence et culpabilité. Un engrenage infernal ou finalement la vérité importe peu mais où on a le sentiment que seul l'impact médiatique et idéologique compte.
Ce roman comprend aussi un aspect sociologique car l’auteur fouille dans les entrailles d'une société américaine toujours divisée par des tensions raciales, exacerbées tantôt par les médias ou des leaders religieux ou politiques assoiffés de pouvoir. (Stéphanie, Médiathèque de Thann)
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