mercredi 14 septembre 2016




Petit pays, Gaël Faye,
Grasset, 2016


Né d'un père français et d'une mère rwandaise Gaby, dix ans mène une petite vie dorée au coeur d'un quartier d'expatriés au Burundi, avec sa bande d'inséparables copains. A la lecture de ces frasques de gamins frondeurs, aux portraits attachants, j'ai vaguement pensé à une sorte de guerre des boutons version africaine ou encore à Méchamment dimanche de Pierre Pelot. Mais l'évocation des saveurs sucrées de l'enfance, à travers les mangues fraîches et l'odeur de la citronnelle laisse place peu à peu à la dure réalité de la guerre civile qui envahit le pays.

L'innocent Gaby prend soudainement conscience de la complexité des événements et de la tragédie qui l'entourent et bascule bien plus tôt que prévu dans le monde des adultes. Tandis que la situation s'aggrave et fait des victimes parmi ses proches, Gaby se réfugie dans les livres et ses lettres à Laure, sa correspondante française. L'émotion est constante face à ce regard et à ces mots d'enfant sur l'atrocité d'un conflit ethnique.

Une réflexion aussi autour du mélange des cultures, des identités multiples et du métissage. On ressent un profond attachement de l'auteur pour ses racines africaines. La douleur de voir son "petit pays" rêvé, fantasmé devenir un tel théâtre de l'horreur.

Un superbe roman, drôle et tragique à la fois, qui est aussi un hymne au livre et à la lecture. Prix du Roman FNAC (Stéphanie, Médiathèque de Thann)



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous souhaitez réagir sur cet article ? N'hésitez pas à me laisser un commentaire...